(RV) L’Arménie à l’honneur ces jours-ci au Vatican : dimanche 12 avril, dans la basilique Saint-Pierre, en la fête de la Divine Miséricorde, le Pape François a célébré une messe en mémoire des Arméniens de l’empire ottoman massacrés il y a cent ans, en 1915.
A cette occasion, il a proclamé docteur de l’Eglise Saint Grégoire de Narek, le grand auteur mystique très cher aux Arméniens. Le Saint-Père a reçu le 9 avril les membres du Synode patriarcal de l’Eglise arménienne-catholique. L’occasion pour lui de souhaiter explicitement que tout soit fait pour guérir les blessures et que soient posés au plus vite des gestes concrets de réconciliation et de paix entre les nations qui ne parviennent pas encore à trouver un consensus raisonnable sur ces tristes vicissitudes. Le Pape François n’a cité aucun pays en particulier, mais il a souligné sans détours qu’il fallait agir par amour de la vérité et de la justice.
Le Saint-Père a rendu hommage à l’histoire bimillénaire et au patrimoine spirituel et culturel admirable du peuple arménien qui a su se relever après les nombreuses persécutions et épreuves endurées et rester fidèle à Dieu même dans les moments les plus difficiles. « De nombreux Arméniens, a-t-il rappelé, ont été capables de prononcer le nom du Christ jusqu’à l’effusion du sang ou en mourant d’inanition pendant l’exode interminable auquel ils furent contraints par les Turcs. La commémoration des victimes d’il y a cent ans nous place devant les ténèbres du mystère du mal, a-t-il relevé. Dans le cœur de l’homme peuvent se déchaîner les forces les plus obscures, et le rendre capable de programmer systématiquement l’anéantissement de ses frères, considérés comme des ennemis, des adversaires, dépourvus de dignité humaine ».
En 1915, la tentative de Benoît XV
Le Pape François a évoqué ceux qui tentèrent de venir en aide au peuple arménien, en particulier le pape Benoît XV qui intervint auprès du Sultan Mehmed V pour faire cesser le massacre. Il a voulu aussi évoquer avec tristesse la situation d’une ville comme Alep, « cité martyre » en Syrie, qui fut, il y a cent ans, un refuge sûr pour les rescapés arméniens, mais où la présence des chrétiens est aujourd’hui menacée.
Mais le Saint-Père encourage aussi les Arméniens à regarder en avant. Les pages douloureuses de leur histoire se situent « dans le prolongement la passion de Jésus », mais chacune d’elles « contient le germe de la Résurrection », a-t-il dit. Les pasteurs devront donc éduquer les fidèles à porter sur la réalité un regard nouveau. Il faut faire mémoire du passé « pour puiser en lui une sève nouvelle susceptible de nourrir le présent par l’annonce joyeuse de l’Evangile et le témoignage de la charité » a-t-il conseillé. Enfin, le Souverain Pontife a encouragé le dialogue œcuménique entre les Eglises catholique et apostolique arméniennes.
Perdre la vie plutôt que de renier sa foi
Dans son adresse au Pape François, le Patriarche de Cilicie des Arméniens, le Catholicos Nersès Bedros XIX a affirmé d’emblée que « lors du génocide du peuple arménien, il y a cent ans, un million et demi de personnes ont été atrocement massacrées en raison de leur foi chrétienne. De nombreux Arméniens ont préféré sacrifier leur vie plutôt que de renier leur foi ». Le Patriarche a souligné avec force l’importance de la célébration de dimanche à laquelle se joindront les Arméniens apostoliques. Invités par le Saint-Siège, le Catholicos Karekin II d’Etchmiadzine et le Catholicos Aram Ier d’Antélias participeront à la célébration eucharistique avec une importante délégation d’évêques. Le président arménien Serge Sarkissian sera également présent avec une délégation de ministres et de personnalités importantes. La proclamation comme docteur de l’Eglise universelle de Saint Grégoire de Narek, le saint le plus aimé et le plus lu par les Arméniens, donnera à cet anniversaire une grande valeur religieuse et nationale qui touche profondément les Arméniens.