Dieu est riche en miséricorde.
La miséricorde concerne le cœur (cordis en latin), un cœur qui se laisse toucher, un cœur qui ne reste pas indifférent à la misère. Lorsque Saint Paul nous rappelle que Dieu est riche en miséricorde, il est dans la continuité de la révélation faite à l'homme, mais aussi de l'expérience des croyants. Dieu lui-même se présente comme miséricordieux à Moïse, sur le mont Sinaï : « Le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité. » L'homme pécheur fait l'expérience que le Seigneur « n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses ».
La miséricorde ne va pas de soi. Face aux ruptures de l'Alliance, face aux péchés et à la violence des hommes, la colère du Seigneur se réveille en premier. Mais Dieu, par la bouche du prophète Osée, nous dit son combat : « mon cœur se retourne contre moi… je n'agirai pas selon l'ardeur de ma colère… car je suis Dieu, et non pas homme ». Jésus a été confronté à la même expérience, lorsque « promenant sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leurs cœurs »,il guérit l'homme à la main desséchée, donnant ainsi à ses adversaires le signe d'une vie toujours possible .
Si la miséricorde s'exerce face au péché des hommes, c'est qu'elle suppose aussi le pardon . Ce pardon est pure grâce, pure gratuité car l'enjeu c'est la vie du pécheur. En effet comme l'homme de la parabole, avec sa dette de dix mille talents, nous ne pourrions jamais payer notre dette au Seigneur. C'est pourquoi, au début de la messe, lorsque nous disons au Seigneur Kyrie eleison, nous en appelons à sa miséricorde.
Jésus va manifester la miséricorde de Dieu dans des situations où des chemins de vie sont à ouvrir . Il pardonne les péchés du paralytique, il ne condamne pas la femme adultère, il guérit les lépreux. Devant des situations où les hommes sont « fatigués et abattus comme des brebis sans berger » Jésus va nourrir notre espérance. Il nous fait don de sa Parole, une parole vivante, agissant dans nos cœurs. Il nous fait aussi don de son corps et de son sang, mystère de l'eucharistie où Dieu se livre totalement pour notre salut.
Jésus va aussi nous laisser un chemin à prendre, un chemin où il sera notre compagnon par le don de son Esprit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Nous sommes alors invités à pardonner de ce pardon qui ouvre à la vie. Nous sommes invités à renoncer à la violence, même celle des mots. Nous sommes invités à ne pas enfermer les autres dans un jugement sans appel. Nous sommes invités, comme le Bon Samaritain , à déployer compassion active, tendresse prévenante, désintéressement paisible… avec toutes nos faiblesses et nos fragilités. Pour Basile le Grand, un Père de l'Église, « par la miséricorde envers le prochain, tu ressembles à Dieu ».
La miséricorde se manifeste aussi dans la tendresse. Les Écritures nous donnent plusieurs images de la tendresse de Dieu, celle d'un père pour ses fils, mais aussi l'affection d'une mère pour son petit enfant. Par la résurrection de son Fils, le Père manifeste aussi sa tendresse, et Saint Paul, à l'image du Christ nous exhorte : « Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur, de patience » .
Si nous nous laissons habiter de miséricorde et de tendresse, nous participerons réellement à la vie même de Dieu. Alors nous vivrons de cette béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ».
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Exercice spirituel
Dieu est riche en miséricorde
22 mars 2009 : 4 ème dimanche de Carême (année B)
Lectures :
2 Chroniques 36,14-16.19-23
Psaume 136
Éphésiens 2,4-10
Jean 3,14-21Première lettre de saint Paul Apôtre aux Ephésiens (Ep 2,4-10)
"Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ : c'est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus. Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus, il voulait montrer, au long des âges futurs, la richesse infinie de sa grâce. C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n'y a pas à en tirer orgueil. C'est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre. "« Réjouissez-vous » (en latin : « laetere ») tels sont les premiers mots de la prière d'ouverture de ce 4 ème dimanche de Carême, appelé dimanche de « laetere ». Oui, nous sommes invité(e)s aujourd'hui à anticiper la joie pascale au milieu du temps de Carême. Pourquoi ? Comment ? St Paul dans sa lettre aux Ephésiens nous éclaire.
Avançons avec pleine assurance vers Dieu qui nous aime.
Demandons au Seigneur d'ouvrir nos yeux, nos oreilles, tout notre être, à la joie qu'il veut nous donner. Puis prier le passage proposé en m'arrêtant à certains points particuliers.… nous qui étions des morts, il nous a fait revivre avec le Christ… Avec lui, il nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus.
Des mots qui chantent la vie donnée au présent ; pour maintenant, c'est aujourd'hui qu'il nous fait revivre, c'est dès maintenant que nous sommes ressuscités…
Je pèse ces mots, qui sont Bonne nouvelle, pour moi, pour chacun, chacune. Je contemple celui qui fait cela : Dieu. Peut-être resterai-je un long moment à louer celui qui est Donateur de Vie.
Je m'interroge : comment ma vie dit-elle quelque chose de ce don immense qui m'est fait ? Suis-je un vivant ? Une vivante ? Cela ne veut pas dire que je ne rencontre pas de difficultés : physiques, psychiques, morales… Même avec tout cela puis-je rendre grâces de la vie qui m'est donnée ? Telle qu'elle est aujourd'hui sans regrets stériles… Je suis ressuscité(e) avec le Christ.
… c'est bien par grâce que vous êtes sauvés… la richesse infinie de sa grâce… C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés… Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu… Cela ne vient pas de vos actes, il n'y a pas à en tirer orgueil.
Dans un si court passage, ce mot « grâce » revient 3 fois, il y a également le mot « don »… Tout est à recevoir comme un présent . Oui, c'est cadeau. Il n'est pas question de mérites ou de rétribution, pour nous, tout est don gratuit, tout est grâce.
Je prends le temps de goûter cette générosité de Dieu. Je peux aussi m'interroger sur mon accueil de ce don, de cette grâce. Comment est-ce que je reçois habituellement les cadeaux dans ma vie ? Et quand il s'agit de Dieu, puis-je me réjouir ? Suis-je mal à l'aise face à cette gratuité ? Aurais-je préféré contribuer par mes efforts, mes mérites à ce salut ? Qu'est-ce que Dieu sauve en moi ? Et moi, suis-je capable de générosité envers ceux et celles qui m'entourent ?
Ces mots de « grâce » et de « don » peuvent m'ouvrir à plus de vérité sur moi-même et sur ma relation à Dieu, aux autres. Je me laisse sans crainte regarder, déplacer par ce Dieu qui me sauve.
Dieu est riche en miséricorde… à cause du grand amour dont il nous a aimés… Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus… . C'est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons…
Il est question de miséricorde : ce regard plein de tendresse qui remue jusqu'aux entrailles face à la misère de l'autre… Il est question de « grand amour »… de bonté … Je me laisse attirer par ce visage de Dieu qui m'est décrit. Peut-être serai-je habité(e) par un sentiment d'adoration, ou peut-être sentirai-je des résistances en moi en tous cas, j'ose être tel(le) que je suis. Oui, c'est Dieu qui nous a faits … pour que nos actes soient vraiment bons … En quelques mots, St Paul nous invite à nous rappeler le désir de Dieu de nous créer à son image… C'est encore Dieu qui fait cela en nous : il nous rend miséricordieux, comme il est miséricordieux, bons comme il est bon, plein d'amour comme il est plein d'amour… Je laisse la lumière de Dieu m'éclairer en vérité et je m'abandonne entre les mains de Dieu, dans la confiance autant que je le peux.Quand le temps que je m'étais fixé pour la prière arrive à sa fin, je m'arrête quelques minutes pour parler au Seigneur. Même si j'ai eu l'impression de lui parler souvent au cours de cette prière, à présent, je fais un vrai dialogue avec un « tu » et un « je », comme un ami avec un ami. Je peux lui dire ce que j'ai découvert de Lui, de son amour, de moi, de ma vie…
Comme la semaine précédente, je peux reprendre la prière « âme du Christ » en union avec tous les retraitants et les chrétiens engagés dans ce temps du Carême.
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Avec un grand remerciement aux responsables de ND du web pour l'autorisation de publication.