La solidarité à la lumière de la miséricorde
Le pape François a voulu que cette année soit l’année de la miséricorde. Rappelons-nous le sens de ce mot : « que nous ayons le cœur ouvert sur la misère » des autres.
C’est d’abord bien sûr une attitude divine : la miséricorde du Père est une réalité de la foi pour notre vie, un amour qui ne fait pas défaut, qui nous relève et nous guide. Mais Jésus nous appelle à avoir une attitude semblable (Luc, 6, 36) ; « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »* (c’est d’ailleurs la phrase que nous avons écrite sur les marches de l’autel).
Qu’est ce que cela signifie ? Quelle est la misère sur laquelle il faut que nous ayons le cœur ouvert, et donc que nous combattions ? Car autant le Père que le Fils, Jésus, ne se contentent pas de compassion : ils guérissent, comme on le voit si souvent dans l’Evangile. Dans le monde, les misères sont nombreuses.
Certaines sont proches de nous, prêtons-y attention. D’autres sont moins proches, mais elles touchent des centaines de millions d’hommes et de femmes. En ce Carême, comme chaque année, le CCFD – Terre solidaire nous invite à ne pas les oublier. Citons trois de ces misères que nous devons combattre, dans une attitude de miséricorde :
— la faim, qui touche toujours des centaines de millions d’humains, le plus souvent à cause des guerres et des catastrophes naturelles.
— les conséquences croissantes des changements climatiques (montée des océans, assèchement des sources d’eau pour l’irrigation, cyclones et inondations).
— les guerres et leurs conséquences qui lancent tant de migrants sur des routes incertaines qui les conduisent à frapper aux portes de l’Europe, essayant de briser les frontières (comme nous l’avons chanté lors de la messe du 10 janvier).
Autant de situations qui appellent d’abord notre compassion, puis notre action. Des actions sont possibles, en soutenant ceux qui agissent chez eux pour une agriculture familiale qui soit productive dans la durée ; en travaillant à changer les règles internationales, en particulier contre les paradis fiscaux ; en changeant nos modes de production et de consommation pour que le climat reste supportable, comme nous y invite l’encyclique Laudato si ; en trouvant des solutions pour l’accueil des migrants du Proche-Orient ; etc.
C’est ainsi que chacun trouvera un sens à sa vie, en répondant à l’appel de Jésus : soyez miséricordieux. Cet appel a un sens particulièrement fort au moment du Carême : prière, aumône et jeûne, trois outils pour que notre miséricorde soit à la fois compassion et action.
* C’est la traduction liturgique officielle, mais la traduction œcuménique (TOB) écrit : « Soyez généreux comme votre Père est généreux. » Clairement, cela invite à une attitude active.
Odile et Paul Mathis, pour l’équipe des Blagis du CCFD Terre Solidaire