La paroisse fête dix ans de présence spiritaine ; à cette occasion, le Père Jung nous a fait partager la conversion et le chemin de serviteur des deux fondateurs des Spiritains pour nous faire apprécier leur chemin de sainteté et nous interroger : en quoi leur expérience peut nous aider, nous paroissiens des Blagis ?
Claude Poullart des Places :
Deux chemins se sont offerts à lui : la magistrature ou une carrière ecclésiastique.
Malgré les fortes attentes paternelles, il penche pour la seconde voie, car il discerne que Dieu ne l’a jamais abandonné et qu’Il veut lui faire du bien.
S’il décide de devenir prêtre, sa vision première du sacerdoce est marquée par sa grande ambition, où il pourra faire valoir dans ses prêches son intelligence et ses grandes capacités.
Mais il ne s’en tiendra pas là ; il décide de faire une retraite avec la ferme intention de se laisser vaincre par l’amour de Dieu. Il veut que Dieu parle à son coeur. Il s’analyse alors sans complaisance. Le résultat en sera une conversion décisive : prêtre il sera, mais de plus il barrera la route à toutes ses ambitions de prédicateur de renom et de vie aisée. C’est alors qu’il éprouve alors le sentiment d’une grande libération.
En se dépouillant de tout son superflu, il oriente sa vie vers les petits : il va partager la vie de jeunes écoliers pauvres et les aider à subsister pour les mettre en état de poursuivre leur formation de prêtre. Le 27 mai 1703, à la demande des jeunes qu’il forme, il fonde une communauté et séminaire consacré au Saint Esprit sous l’invocation de la Sainte Vierge.
François Libermann :
Il est élevé dans foi juive et son père rabin lui fait suivre une formation afin qu’il se fasse reconnaître de ses pairs. Mais il est ébranlé par le mauvais accueil et le peu d’ouverture des ses professeurs. Il se met à douter.
Il se retrouve finalement à Paris en grande solitude au collège Stanislas. Il implore à genou le Dieu de ses pères de l’éclairer sur le chemin qu’il devait suivre. Aussitôt, il relate que le Seigneur, qui est prêt de ceux qui l’invoquent du fond de leur cœur, l’exauça. La foi pénétra son esprit et son cœur et il crut en Jésus-Christ. « Je veux ce que toi tu veux ». Baptisé la veille de Noël, un changement admirable s’opéra en lui au moment où l’eau du baptême coula sur son front, et il se mit à aimer Marie au même instant. Il manifesta alors son désir de devenir prêtre.
Mais après la conversion, arrivèrent les épreuves : la colère de son père, l’obligation de renier sa foi juive (alors que le Dieu qu’il invoque et qui le soutient est comme il dit le Dieu de ses pères), la maladie qui l’empêche de devenir prêtre (il ne sera ordonné qu’à la fin de sa vie), une traversée du désert à Rennes. Toutes ces épreuves, il les vit dans la paix, et il apprend le chemin de l’abandon à Dieu. Il accepte ce qu’on lui propose (Adjoint de l’économe au séminaire d’Issy les Moulineaux, puis maître des novices à Rennes) en cherchant dans la foi ce que Dieu attend de lui.
C’est à Rennes que, dans une illumination intérieure, il apprend la place qui lui est destinée dans l’Eglise : fonder un institut missionnaire pour le salut des hommes noirs les plus pauvres (il s’agit d’anciens esclaves récemment affranchis). Finalement, sa société du Saint-Cœur de Marie fusionnera avec la congrégation du Saint-Esprit de Claude Poullart.
Plus de trois siècles plus tard, cette communauté du Saint-Esprit fondée en 1703 est bien vivante dans le monde (autour de 3000 religieux spiritains) et présente aux Blagis.
Quel signe pour les Blagis ?
Nous voyons bien au travers de ces deux expériences que l’initiative vient de Dieu. C’est Lui qui a appellé, c’est Lui qui a conduit.
Libres, Claude et François ont accepté de se laisser vaincre par l’amour de Dieu.
Et nous, sommes-nous prêts à nous convertir en nous laissant vaincre par l’amour de Dieu ? Sommes-nous prêts à attendre dans la paix que Dieu trace pour nous un chemin qui nous conduira à réaliser l’œuvre du Seigneur ?
« Celui qui m’a mis à part et m’a appelé par sa grâce a jugé bon de révéler en moi son Fils afin que je l’annonce parmi mes frères. » (St Paul aux Galates)