« M’aimes-tu ? »
Il y a quelques semaines, chacun démarrait le temps du Carême avec quelques cendres sur le front, signalant son intention (plus ou moins ferme) de convertir son existence. Le jeûne, la prière, la charité étaient les moyens suggérés pour purifier son cœur.
Devenir un disciple
En nous unissant au Seigneur, chacun et chacune se transforme en disciple. Ce mot implique le rapport d’un élève à un maître. C’est donc un apprentissage progressif de la vie chrétienne que nous entreprenons, à l’école du Christ. Pas à pas.
Jésus nous déroute parfois
Mais en ce Carême, Jésus a pu souvent dérouter ses disciples. Plusieurs passages des évangiles montrent des disciples déconcertés par les initiatives apparemment insensées de Jésus. Un seul exemple : celui de monter vers Jérusalem, malgré les risques réels encourus. Pierre s’oppose frontalement à Jésus concernant ce projet et l’enjoint de se protéger. Mais Jésus le recadre fermement.
Pierre n’arrive pas à comprendre (il le fera après la résurrection) que Jésus n’est pas venu dans le monde pour sauver sa vie, mais pour la donner, par amour, « jusqu’au bout ». Ce n’est que plus tard que Pierre reconnaitra son erreur. Cette humilité le placera dans l’église avec une autorité réelle, celle qui résulte des leçons apprises dans la douleur.
La seule question qui compte
Chacun d’entre nous, durant ce Carême, en route vers Pâques, avons peut-être parfois douté d’être à la hauteur. Avons-nous fui parfois les engagements fermes que nous avions pris au départ du Carême, comme les disciples ont fui Jésus à l’heure de son arrestation ? Avons-nous été tentés de trahir notre amour du Seigneur pour une raison ou une autre ?
À l’heure fatidique de la Semaine Sainte, avec les disciples, nous nous sentons fragiles, apeurés, pêcheurs. Mais avec Pierre, lui-même « un trésor dans un vase d’argile » (2 Corinthiens 4, 7), nous entendrons les mots de Jésus à Pierre après la Résurrection : « M’aimes-tu ? » (Jean 21, 15-17). C’est peut-être la seule question à laquelle le disciple doit répondre, son examen final. Une miséricorde vécue non plus tel un disciple avec son maître, mais désormais tels deux amis. « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jean 15, 15).
Ainsi, au seuil de la Semaine Sainte, à chacune et à chacun de répondre à la question que pose Jésus : « M’aimes-tu ? ».
Très riche Semaine Sainte à tous et Joyeuses Pâques !
P. Michel Protain