Gérer nos conflits
« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu »
Matthieu 5, 9
Cette béatitude de Jésus devrait orienter toute notre vie : œuvrer pour la paix. Quand le dialogue, la réconciliation, la compassion… semblent laisser place à la force brute, à l’intimidation, à la violence verbale et physique, que pouvons-nous faire à notre humble niveau ?
Il ne faut pas nous le cacher : des conflits nous déchirent parfois, avec plus ou moins de violence. Nous ressentons parfois des intérêts, des besoins ou des objectifs divergents ou opposés. Des désaccords sur des valeurs, des opinions, des ressources ou des objectifs nous opposent parfois. Nous avons des perceptions différentes des situations, souvent influencées par nos expériences personnelles. Les émotions ou le contexte peuvent intensifier les disputes et influencer le comportement des parties impliquées. Des éléments culturels, sociaux, politiques ou économiques peuvent également influencer une dynamique de conflit. Enfin, les enjeux de pouvoir, perçus ou réels, gangrènent nos cœurs qui demeurent alors de pierre ou de glace…
Nous ne pouvons pas accepter que cela s’installe dans la durée. Pour cela, une remise en cause de chacun est nécessaire. Dans son message à l’occasion du Jubilé de l’espérance cette année, Mgr Matthieu Rougé, notre évêque, nous invitait à faire « un pèlerinage vers une personne avec qui vous êtes en conflit pour que s’ouvre entre vous un chemin de pardon et de paix ».
Des techniques comme la Communication non Violente (CNV) peuvent aider à envisager des étapes concrètes mais exigeantes vers des relations apaisées. En voilà quelques exemples :
Contrôler ses émotions : Avant de répondre à une attaque verbale, prendre un moment pour respirer profondément et se recentrer. Cela aide à éviter des réactions impulsives qui pourraient aggraver le conflit.
Pratiquer l’écoute : se montrer attentif en écoutant réellement ce que l’autre personne exprime. Éviter d’interrompre et reformuler ce qui a été entendu pour montrer sa bonne compréhension.
Reconnaître les sentiments : Montrer de l’empathie en reconnaissant les émotions de l’autre. Par exemple, on peut dire : « Je comprends que cela te frustre. »
Identifier les causes : Discuter du sujet du conflit pour déterminer les points de divergence. Encourager chaque partie à exprimer ses préoccupations sans blâmer l’autre.
Collaborer pour trouver des options : Inviter toutes les parties à proposer des solutions possibles. Cela favorise un sentiment de co-responsabilité et d’engagement mutuel.
Être Prêt à Pardonner
Pour avancer, il est important de ne pas ressasser les vieilles blessures. Être capable de pardonner contribue à rétablir des relations saines.
Et bien d’autres conseils peuvent être prodigués…
Le commandement d’amour du prochain nous appelle à aimer aussi ceux qui nous contredisent et s’opposent à nous. Aimer même notre ennemi exige un sursaut chrétien, une conversion qui posent nos conflits sous le regard du Christ. Dans nos ténèbres, sa lumière n’est pas de trop pour les disperser.
Enfant, je regardais les films de Don Camillo. Ce prêtre, devant la Croix du Christ de son église, partageait souvent avec le Seigneur son désir de casser la figure de Peppone, le maire communiste du village. Mais toujours, la voix douce du Christ descendait sur Don Camillo : ce dernier était aussitôt guéri de son projet violent. Apaiser un conflit est une entreprise faite de patience, d’écoute, d’empathie… Mais nous avons quelque chose en plus : le Christ, prince de la Paix, qui nous donne Sa Paix. Dans la messe, le prêtre dit : « Seigneur Jésus, tu nous as dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ».
Alors, amis ou ennemis, joignons nos cœurs dans une prière unanime : « Seigneur, donne-nous la Paix ! »
P. Michel Protain