Dimanche 18 octobre a eu la messe des missions.
Elle a été préparée avec la fraternité spiritaine des Blagis.
Messe concélébrée et présidée par le Père Richard Fagah spiritain de passage à Paris.
Pour changer de l’ordinaire, nous ne vous proposerons pas un compte rendu classique, mais nous vous " offrons " l’homélie du Père Richard !
Soulignons tout de même que l’assemblée était importante,
et qu’aux deux premiers rangs les enfants du KT écoutaient bien sagement.
à présent écoutons l'homélie:
Dimanche 18 octobre 2009
29e Dimanche du Temps Ordinaire Année B
Journée Mondiale de la Mission Universelle
La mission, raison d’être de l’Eglise
Frères et sœurs en Christ, je voudrais partager avec vous un récit. Ne sous-estimez jamais le pouvoir du récit. Vous vous trompez si vous croyez qu’on va au cinéma uniquement pour se divertir, pour se détendre. Nous sommes structurés par les genres de récits que nous relatons et que nous suivons. Le Petit Nicholas structure les enfants (les adultes aussi) tout comme Harry Porter en a fait des adeptes. Je viens d’une culture à dominance orale, et j’ai encore la nostalgie de ces soirées au clair de la lune où les grand-pères ou grands-mères nous contaient des récits merveilleux. En voici un. Vous le connaîtriez déjà sous une autre forme peut-être.
Il y avait un vieux chef d’une tribu. Il sentait qu’il allait bientôt mourir. Alors il appela ses trois fils et demanda à tous les trois de grimper la montagne en face et lui apporter un beau cadeau d’au revoir. Celui qui ramènera le plus beau cadeau succèdera au père comme chef de la tribu. Après plusieurs jours, les jeunes hommes redescendirent de la montagne. Le premier apporta à son père une fleure aussi rare que belle qu’il avait cueillie près du sommet de la montagne. Le deuxième lui apporta une pierre qui reflétait la lumière en toutes ses couleurs. C’était un diamant de la plus grande qualité. Le troisième n’avait rien dans ses mains. Il lui dit ceci : " Père, je n’ai rien ramené pour te montrer. Tandis que mes deux frères cherchaient des souvenirs pour toi, j’étais complètement pris par l’admiration de ce que j’ai vu là-haut. Je m’étais mis à savourer de mes yeux une belle vue qui s’étendait devant moi de l’autre côté de la montagne : des vallées à perte de vue, des chutes d’eau, des cascades, des rivières qui coulaient de la montagne, un lac cristallin … J’étais ébahi par ce spectacle et je me suis mis à penser à nos vaches, à nos moutons et à nos chèvres. Que de pâturages ! Que de bonnes terres pour les cultures ! J’ai fait un rêve et je me suis perdu dans mon beau rêve : un rêve pour notre peuple. Et voilà que j’ai oublié de te ramener un cadeau. La réponse du père était directe et sans hésitation : " C’est toi qui sera le nouveau chef de notre tribu. Tu m’as apporté le plus beau cadeau – une vision ; la vision d’un meilleur avenir pour notre peuple ".
Gardons ce récit en arrière-fond et voyons comment il peut structurer notre vie dans l’Eglise et nous aider à vivre au rythme de l’Eglise aujourd’hui, en ce dimanche de la mission universelle.
Aujourd’hui l’Église clôture une semaine d’activités, une semaine qu’on appelle " Semaine Missionnaire Mondiale ". On a pris l’habitude d’appeler ce dimanche " Le Dimanche des Missions ". Ce n’est pas tout à fait correct. Chaque dimanche nous sommes envoyés dans le monde comme porteurs de la Bonne Nouvelle. En ce sens, chaque dimanche est une dimanche de mission. Le mot " messe " nous vient du latin : " Ite, missa est ". Ce sont les mots que le prêtre emploie à la fin de la célébration eucharistique pour congédier l’assemblée. Le latin est plus expressif sur ce point. Le prêtre dit en latin : " Ite, missa est ", et le peuple répond : " Deo gratias ". " Missa " vient de " missio ", qui veut dire " envoi ". Chaque messe, chaque " missa " est donc une " missio ", un envoi en mission. La liturgie de la messe est missionnaire en ce sens qu’elle renvoie les fidèles dans le monde avec un message. À vrai dire, sans cet envoi en mission, il n’y aura pas d’Église. L’Église existe à cause de la mission. C’est le besoin de faire connaître la Bonne Nouvelle qui rend nécessaire l’Église. Pas de mission, pas d’Église. Une fois qu’elle se replie sur elle-même pour s’occuper seulement des siens, l’Eglise se dénature. Essayez de le faire. Repliez-vous sur vous-mêmes dans cette paroisse. Priez, si vous voulez, comme un bonhomme que j’ai connu quelque part. Il s’appelait Jean. Voici ce que c’était sa prière préférée :
" Que Dieu bénisse Marie mon épouse, et moi Jean son époux. Qu’il bénisse nos deux enfants Jean-Marie et Marie-Jeanne. Nous quatre, personne d’autre. Amen. "
L’Eglise ne prie pas comme ça. Elle a son visage toujours tourné vers ceux et celle qui sont au-dehors, de près ou de loin.
Nous sommes habitués à parler et à entendre parler de " La mission de l’Église ". Il est peut-être plus correct de dire " l’Église de la mission " parce que c’est la mission qui dispose d’une Église. La mission a une Eglise afin que l’Evangile soit annoncé, connu, aimé et vécu.
C’est pour des raisons beaucoup plus spécifiques que l’Église tient à consacrer une semaine dans l’année au thème de la mission. L’Eglise a une certaine vision pour un monde meilleur. (Gardons notre récit du vieux chef et ses trois enfants en arrière-fond.) Cette vision, valable pour tous les peuples et toutes les cultures, est véhiculée par l’activité missionnaire. La semaine missionnaire nous aide à prendre conscience des états de lieux en ce qui concerne la mission universelle. L’Église fait l’état des lieux de sa raison d’être : la mission. Elle prend toute une semaine pour passer en revue le progrès de la Bonne Nouvelle du salut dans le monde. Elle invite tous les fidèles à ne pas perdre la vision, à la garder vivante, à contribuer – chacun à sa façon – à la réalisation de ce beau rêve que l’Eglise veut partager avec le monde entier depuis l’événement Jésus.
Cette année, c’est à nos frères et sœurs du continent africain qu’on nous demande de penser. (L’affiche) Le thème de cette année nous invite à remplir le monde de l’amour de Dieu. La mission nous invite à faire des gestes pour que l’Amour de Dieu prenne un visage encore plus concret dans le monde et particulièrement en Afrique. L’Evangile continuera à faire du progrès dans le monde selon que les chrétiens partagent ou pas les moyens et le savoir. Les églises les plus fragiles se tiendront débout selon qu’à l’intérieur de l’Eglise universelle est vécue une réelle solidarité : les plus solides pensant aux plus faibles.
Pour beaucoup, parler de l’Afrique évoque le désespoir. Je voudrais, pour terminer, partager avec vous quelques lignes que quelqu’un nous a fait prier avant-hier à la Maison Mère des Spiritains. C’est une prière à la manière de saint François d’Assise.
Je sais, mon frère, que tu as bien des raisons de désespérer,
mais je voudrais te crier qu’il y a aussi des milliers de raisons d’espérer !
Ne laisse pas gagner ton cœur
par les marées noires des mauvaises nouvelles.
Pour changer le monde, change d’abord ton regard.
Moi, Frère François, ton petit serviteur, je te prie et te supplie :
Regarde le monde avec les yeux du Christ Jésus.
Regarde bien, tu seras surpris de découvrir tous ces hommes
et toute ces femmes qui,
au lieu de crier que Dieu est aveugle, lui prêtent leurs yeux ;
au lieu de crier que Dieu est manchot, lui prêtent leurs mains ;
au lieu de crier que Dieu est muet ; lui prêtent leurs voix.
Entend l’appel de Celui qui pleure parce que l’Amour n’est pas aimé.