Au seuil d’une nouvelle année pastorale
Notre paroisse a vécu fin juin des moments difficiles avec les émeutes qui se sont déroulées jusque sous nos fenêtres. Sur le moment, un sentiment d’impuissance et de tristesse m’a alors (je l’avoue) submergé. Et bien des questions sans réponses ont pu m’angoisser. J’ai aussi été saisi par un sentiment de culpabilité : est-il approprié pour le curé de la paroisse de partir en vacances après de tels évènements ? Un pasteur ne doit-il pas rester auprès de son peuple, surtout dans la tempête ? Mais j’ai finalement pris le train depuis longtemps réservé. J’étais un peu comme Marie, méditant cela dans mon cœur, sans tout comprendre mais s’accrochant à ma foi que Dieu en savait plus que moi.
Les émeutes m’ont permis de découvrir que chercher à tout résoudre de ses propres forces est toujours trop lourd pour un seul être humain. Le temps était venu de poser cela devant Dieu. Il fallait bien un temps de repos, de désert, pour retrouver sa boussole. Mais à condition que ce repos… repose en Dieu. Car comme dit Saint Augustin, « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi ».
De retour dans la paroisse, je suis convaincu que nous devons nous attacher à aider chacun et chacune à trouver sa vocation, sa mission. Vivre notre mission de chrétiens dans ce quartier que nous aimons, c’est croire que Dieu dispense à tous ceux qui l’accueillent des grâces uniques qui les placent comme disciples et missionnaires. Face au feu des voitures ou des mortiers, face au désespoir et la peur, c’est l’Esprit Saint que Dieu nous donne. Cet Esprit ne rend pas muet ou paralyse, mais libère la Parole et nous donne le courage et la sagesse pour traverser ces temps incertains. Mais pour cela il faut croire en Dieu, et aussi en soi.
Ainsi après les vacances, un temps pour se poser et se reposer, je vous invite donc à vous poser et vous reposer…de bonnes questions ! Comment je me sens ? Quelles sont mes priorités ? Comment trouver la force au quotidien pour affronter les défis qui sont les miens ? Quelle est ma relation au Seigneur ? Et si je prenais plus de temps pour prier ? Est-ce que je ne pourrai pas me rendre enfin utile plutôt que de perpétuellement me plaindre de l’inaction des autres ? …
Nous fêterons en 2024 les 90 ans de la pose de la première pierre de notre église en 1934. Un constat : malgré les orages, l’église de béton et de brique tient toujours, mais plus encore les croyants qui constituent l’Église présente aux Blagis. Nous gardons confiance parce que Jésus l’a promis à ses disciples : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. ».
Bonne année pastorale à tous !
- Michel Protain