Bonne fête aux Pères Charles, William, Alain, au Frère Benjamin, et à tous les autres spiritains!
Le 2 février, les spiritains du monde entier fêtent l'anniversaire de la mort d'un des cofondateurs de la Congrégation du St Esprit:
François Libermann (1802-1852)
Jacob Libermann naquit à Saverne le 11 avril 1802, cinquième enfant sur neuf, de Lazare Libermann, le rabbin de la ville.
Délicat et frêle, craintif et nerveux, docile et doux, doué d'une intelligence prompte et juste, d'esprit pratique et de volonté persévérante, il fut, d'après de nombreux témoignages, le préféré de son père, qui songeait à lui laisser, après lui, sa charge. Poursuivant ses études près de son père, Jacob demeura jusqu'à la vingtième année un israélite croyant, pratiquant, menant une vie vertueuse, bien que déjà, il soit choqué de certaines sévérités des rabbins.
Encore indécis, il se rendit à Paris où, dans une cellule du collège Stanislas, il se trouva seul, en tête à tête avec l'Histoire de la Doctrine chrétienne de Lhomond et un autre livre du même auteur. Ce moment, a-t-il écrit, fut extrêmement pénible. C'est alors que, me souvenant du Dieu de mes pères, je me jetai à genoux et le conjurai de m'éclairer sur la véritable religion. Le Seigneur, qui est près de ceux qui l'invoquent du fond de leur coeur, exauça ma prière. Tout aussitôt je fus éclairé, je vis la vérité. La foi pénétra dans mon esprit et dans mon coeur.
Baptisé la veille de Noël 1826, il prit le nom de François. Désirant devenir prêtre, il fut admis, en 1827, au séminaire de Saint-Sulpice.
Le 28 septembre 1842, le Saint-Siège créait en Afrique l'immense vicariat apostolique des Deux-Guinées et Sierra Leone, confié à Mgr Edward Barron, ancien vicaire général de Philadelphie (Amérique du Nord). Cette vaste nouvelle mission s'étendait sur 8 000 kilomètres de côtes, du Sénégal à l'Orange.
Par l'intermédiaire du curé de Notre-Dame des Victoires, l'abbé Desgenettes, Mgr Barron entra au contact avec le Père Libermann qui proposa au vicaire apostolique sept misssionnaires. Il prépara soigneusement leur départ. Il rassembla pour l'expédition vingt tonnes d'approvisionnement et exigea des partants un entraînement physique, complétant leur formation spirituelle: on alla jusqu'à des marches forcées de 70 kilomètres en une journée.
Le 13 septembre 1843, les sept prêtres, accompagnés de trois laïcs, dont un futur frère, quittaient Pauillac pour l'Afrique. Un mois plus tard, ils parvinrent à Gorée pour une escale de deux semaines. Un autre mois de navigation les amena, le 29 novembre 1843, au Cap des Palmes, au Liberia, où Mgr Barron avait établi sa résidence; mais, lui-même n'était pas là pour faciliter leurs débuts dans ce pays anglophone.
la fin de l'année 1851, le P. Libermann se plaignait assez souvent d'une grande fatigue. Sa santé, qui avait toujours été précaire, se détériora rapidement. En décembre, il était de nouveau à Notre-Dame du Gard, mais il passa presque toujours au lit ce séjour de deux ou trois semaines. Revenu à la Maison Mère, il dut garder la chambre. Le Père Le Vavasseur écrivit alors à son frère, le docteur Libermann: C'est à peu près la même maladie qu'il y a trois ans. Il ne peut pratiquement rien prendre. Il est dans une diète presque complète.
Le 27 janvier 1852, on lui administra l'extrême-onction. Le 30 janvier au soir, devant la communauté rassemblée pour l'adieu suprême, il prononça péniblement quelques mots Je vous vois pour la dernière fois. Je suis heureux de vous voir. Sacrifiez-vous pour Jésus, pour Jésus seul. Dieu c'est tout. L'homme n'est rien. Esprit de sacrifice, zèle pour la gloire de Dieu et les âmes.
Son agonie dura jusqu'au 2 février. Il expira vers 3 heures de l'après-midi, au moment même où, dans la chapelle voisine, on chantait le Magnificat des vêpres solennelles de la fête de la Purification de Marie. L'abbé de Ségur fit de lui un portrait sur son lit de mort, portrait qui est le plus ressemblant de ceux que l'on possède. Ses obsèques eurent lieu dans la chapelle de la maison mère. M. l'abbé Desgenettes chanta la messe et donna l'absoute.
Son corps fut transporté à Notre-Dame du Gard, d'où il fut transféré à Chevilly quelques années plus tard (1865). Il est, depuis 1967, dans la chapelle de la Maison Mère de la Congrégation du Saint-Esprit.
À la Maison Mère, la chambre qu'il occupait au moment de sa mort est devenue l'Oratoire Libermann, à côté de son bureau, que l'on a gardé en l'état.
Le décret d'héroicité des vertus du serviteur de Dieu, déclarant Vénérable le Père François Libermann, fut publié le 19 juin 1910.
Jean Ernoult, spiritain