Génial ! Le Carême est de retour !
On imagine le Carême marqué par une certaine tristesse. N’est-ce pas ajouter un boulet de plus dans nos vies déjà bien grises !
Et si ce n’était pas vrai ?! Et si le but n’était pas d’abord de retrouver au-delà de nos limites un sens renouvelé à nos existences, libérées des obstacles imposés par notre péché ? Même s’il faut reconnaître que nous avons souvent bien du mal à tourner la page de nos addictions, de nos plaisirs désordonnés, de nos tentations…
Il s’agit alors d’ouvrir son cœur. L’Évangile nomme ce lieu celui du secret. C’est là que nous sommes appelés à affronter notre pire ennemi : notre part d’ombre. La prière, l’aumône et le jeûne (prescriptions habituelles pour toute personne soucieuse de sa conversion) ne deviennent authentiques que si nous acceptons de regarder nos intentions cachées. Cette introspection, cette méditation, ce combat spirituel est d’abord une affaire personnelle, qui plonge au plus profond de notre être. L’Évangile que nous avons reçu le mercredi des Cendres l’exprime ainsi :
Quand tu fais l’aumône « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret. »
Quand tu pries, « retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. »
Quand tu jeûnes, « parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret. »
Je ne dois pas laisser le Seigneur à la porte de ce lieu secret. Je l’entends frapper à la porte. Est-ce que je lui réponds : « Entre ! » ? Est-ce je lui fais confiance pour lui dévoiler ce qu’il sait sûrement déjà : mes pauvretés, mes impuissances, mes découragements… ? Est-ce que j’ose lui dire humblement, sans trompette ni orgueil, que je n’arrive pas à toujours choisir le bon chemin ? Que les raisons de mes errements m’échappent parfois ?
C’est le prix à payer pour me libérer de mes masques et fausses images, pour m’engager à changer ce qui doit réellement changer dans ma vie.
Alors oui, je peux alors me réjouir de ce temps du Carême, temps de grâce et de vie renouvelée ! De l’opportunité qu’il me donne de remettre les pendules à l’heure dans ma vie ! Aux paroles du prêtre qui pose sur moi les cendres bénies du Mercredi des Cendres : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle », je réponds par un OUI massif.
P. Michel Protain