Du danger de « zapper » l’essentiel !
Pris dans le tourbillon de la rentrée, j’avoue que j’ai « zappé » l’invitation faite aux paroisses de célébrer le Temps pour la Création. Instituée par le Pape François en 2015, la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, s’est transformé en « Temps pour la Création » dès 2021 du 1er septembre au 4 octobre. Proposition œcuménique, le Pape François l’explique en ces termes : « (Ce temps) offrira à chacun des croyants et aux communautés la précieuse opportunité de renouveler leur adhésion personnelle à leur vocation de gardiens de la création, en rendant grâce à Dieu pour l’œuvre merveilleuse qu’Il a confiée à nos soins et en invoquant son aide pour la protection de la création et sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons ».
Certes les responsabilités habituelles d’une paroisse : la rentrée du catéchisme, du catéchuménat, de l’équipe de liturgie, de l’équipe d’Animation Pastorale… sont prenantes et nécessaires. Notre agenda est chargé et nous nous sentons obligés de trier les multiples sollicitations que nous recevons.
Mais je ne peux m’empêcher de m’en vouloir d’avoir manqué une opportunité de poser la question de l’urgence climatique. Une vraie question qui mérite qu’on s’y arrête !
Notre quartier, notre paroisse, n’est pas étranger à ce grand défi. À la fondation de notre église en 1934, des champs et des vergers entouraient le bâtiment en construction. Le souci premier était alors de nourrir la région parisienne. Après la Guerre, l’urgence est devenue celle de pourvoir à tous un toit dans un contexte de crise du logement. Les vergers, les rivières, les haies disparaissent…, laissant la place aux immeubles que nous connaissons. En regardant une photo aérienne de l’église en 1936 et qu’on la compare avec la cité actuelle, nous pouvons mieux comprendre combien les choix que nous faisons ont un impact direct sur notre environnement et donc sur notre vie concrète. Alors que les politiques de la ville cherchent à réfléchir la cité de demain, avec toutes ses complexités, il est important que les chrétiens, citoyens avec d’autres, prennent conscience de leur responsabilité dans la gestion de notre environnement.
« Gardiens de la Création », nous sommes ainsi appelés à plus de vigilance. Dans la tradition chrétienne, il est bon d’allier une vie spirituelle profonde (rendre grâce à Dieu pour sa Création, demander pardon pour les péchés commis contre le monde et donc sa Création), et d’envisager en même temps une action concrète. Le Pape François écrit : « L’Esprit Saint nous appelle à convertir nos modes de vie afin que nous soyons tous responsables de la sauvegarde de notre maison commune ».
Je souhaite à tous les membres de la paroisse de soigner notre maison commune, chacun à son niveau, avec ses forces et ses moyens propres. Ne regrettons pas plus tard le temps que nous n’aurons pas pris à tenter de résoudre (même humblement) les crises les plus graves de notre temps.
Le temps presse ! P. Michel Protain