Pour commencer, je veux souhaiter à vous tous une très belle année 2024.
Je sais bien que formuler un tel souhait ne garantit pas que tout va bien se passer. L’actualité n’est-elle pas l’illustration que les choses n’ont pas très bien commencé ? Pourtant, de la même manière qu’il est important de se dire « Bonjour » tous les matins, nous ressentons le besoin chaque année de nous tourner vers notre prochain et, yeux dans les yeux, de lui redire notre souhait de le voir heureux, soulagé, en paix, en bonne santé… Nous croyons que cela n’est pas une simple politesse, mais un engagement envers les autres. Et pas seulement pour nos proches et ceux que nous aimons…
Car ces jours-ci, tout le monde ne se souhaite pas que des bonnes choses. À l’occasion d’un divorce, d’un héritage qui se passe mal, d’une ambiance toxique au travail, d’une haine qui tourne en boucle, nous ne souhaitons plus qu’une chose : renvoyer notre plus proche le plus loin possible. Pour certains, cela signifie même l’envoyer six pieds sous terre, dans une tombe ! Nous entrons alors en guerre. Nous savons que celle-ci n’est pas confinée aux champs de batailles, mais peut s’immiscer dans l’espace d’une maison ou d’un bureau, dans l’intimité d’un couple et même dans les sacristies de nos communautés chrétiennes !
Au loin, par le biais de la télévision, nous sommes les témoins de la mort d’innocentes victimes de la guerre. Plus près de nous, impuissants et attristés, nous pouvons déplorer la descente aux enfers d’un couple qui se déchire sur fond de garde d’enfants. À chaque fois notre cœur souffre. Nos souhaits de début d’année peuvent prendre alors les accents déchirants de la prière du Notre Père, si simple et si concret : « Préserve-nous du mal ! ».
Jésus-Christ n’a pas promis que nous échapperions à la violence du monde, mais il nous a mis en garde contre les tentations à l’occasion du déchainement de celles-ci. Dans Mathieu au chapitre 24, il prévient les disciples : « Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. Faites attention ! ne vous laissez pas effrayer, car il faut que cela arrive, mais ce n’est pas encore la fin. » Le disciple n’est pas naïf devant le monde, il sait le regarder tel qu’il est. Mais il doit d’abord veiller à ne pas tomber dans le panneau. Jésus le sait, beaucoup seront tentés de s’unir avec les violents et ainsi de perdre leur âme : « Ce sera pour beaucoup une occasion de chute ; ils se livreront les uns les autres, se détesteront les uns les autres. Beaucoup de faux prophètes se lèveront, et ils égareront bien des gens ». Et cette dernière phrase terrible : « À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira ». Car l’objectif du mal n’est-il pas de piétiner l’amour du prochain, de l’arracher du cœur humain pour y mettre à la place la haine et la soif de vengeance ? La fin du monde coïncide donc pour Jésus avec le projet de destruction de l’amour et sa disparition de l’horizon humain.
Jésus nous invite à résister à cette tentation. Il dit dans le prolongement de ce texte : « Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé ». Cette persévérance à laquelle Jésus nous invite est celle d’un cœur qui persiste à maintenir en lui un cœur brûlant de charité, et qui veille, jour après jour, à ne pas tomber dans le piège des violents.
À Noël nous avons pu chanter cet hymne qui nous rappelle que toute l’histoire du Salut n’est qu’un chant d’amour, si fragile dans nos cœurs de chair, et si fort uni à Jésus-Christ :
Aujourd’hui dans nos ténèbres le Christ a lui
Pour ouvrir les yeux des hommes qui vont dans la nuit.
L’univers est baigné de sa lumière.
Aujourd’hui dans notre mort a paru la Vie
Pour changer le cœur des hommes qui sont endurcis.
Et l’amour est plus fort que nos misères.
Gloire à Dieu et paix sur terre, alléluia !
Je vous souhaite donc une très bonne année 2024, pleine d’amour et de persévérance !
Michel Protain