Noël sur les gravats
Comme chaque année dans une église de Bethléem en Terre Sainte, on a installé une crèche. C’est très banal me direz-vous. On l’imagine pleine de paix, d’espérance et de joie, semblable à tant de crèches dans le monde.
Mais celle qui a été installée cette année dans le lieu de naissance de Jésus-Christ n’est justement pas comme les autres. Le petit Jésus a été déposé au milieu d’une pile de gravats, semblable à une maison qui a été frappée par une attaque militaire ou un tremblement de terre. Sans toit, le bébé semble vulnérable. Marie et Joseph sont postés au bas de ces ruines : ils ressemblent à tous ceux qui recherchent, parfois à main nue, d’éventuels survivants sous les blocs de pierre et de béton enchevêtrés. Le bœuf et l’âne, un chameau, des brebis… sont là aussi tels des veilleurs. Alors que Jésus semble victime de l’indifférence de la plupart des hommes, ces animaux restent là, fidèles et gardiens de cet enfant.
De ce paysage de désolation, une bonne nouvelle retentit : un enfant a été trouvé vivant ! Une bougie est posée au côté de l’enfant : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Isaïe 9, 1).
Jésus n’est pas ici dans un camp contre un autre. Il est à la fois une victime des bombes, un exilé, un otage impuissant dans les mains de ses ravisseurs… Mais dans son calvaire, prélude des épreuves qui l’attendent, il a reçu le soutien de sa mère Marie et de son père Joseph.
Bienheureuse Sainte Famille qui a su recevoir et aimer cet enfant, nous permettant de le rencontrer aujourd’hui, si vivant, si joyeux !
Le bambin a les yeux tournés vers le Ciel et dans son cœur semble résonner un chant de joie, un Gloria assourdissant : « Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Luc 2, 14) ».
C’est le signe qui nous est donné : « Un nouveau-né emmailloté et couché (Luc 2, 13) ». En regardant l’enfant Jésus dans la crèche, je suis saisi par la force de sa présence.
Annoncé par les anges aux bergers, Dieu parle à chacun de nous dans nos nuits respectives :
« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »
Prince de la paix, Jésus Seigneur, ouvre mon cœur assez grand pour que tu puisses habiter en moi. Chasse loin de moi mes désirs de haine et de vengeance.
Et alors avec le psaume 97, je proclamerai :
« La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! »
Joyeux Noël à tous !
- Michel Protain