« CŒURS BRÛLANTS, TOUS EN CHEMINS »
Avec ce mois d’octobre, le mois du Rosaire, nous avons la joie de découvrir des évènements riches de réflexions : non seulement notre agenda s’ouvre avec cette fête de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions mais aussi avec la perspective de cette « Semaine Missionnaire Mondiale » proposée comme chaque année, au cours de l’avant-dernière semaine du mois d’octobre, par les OPM (Œuvres Pontificales Missionnaires) du 15 au 22 Octobre prochains. C’est à la fin de cette semaine que sera célébré, dans toutes les paroisses du monde entier, le « dimanche mondial des missions ».
Cette semaine missionnaire m’est d’autant plus importante à mon cœur de Spiritain que je me suis trouvé en charge de l’animation missionnaire, au niveau national, dans ce petit pays du Paraguay, au centre de l’Amérique Latine qui ne comptait pas moins de 16 diocèses et 420 paroisses.
À cette occasion, il est de tradition que le Pape envoie un message à toute l’Eglise universelle pour stimuler notre foi en Jésus-Christ : premier Missionnaire envoyé par le Père.
Pour nous préparer à ce temps fort du « Dimanche des Missions », nous sommes invités à rechercher et à lire le message du Pape François : « Cœurs brûlants, tous missionnaires ». Ces deux expressions très fortes nous introduisent au cœur de ce magnifique passage de l’évangile de Luc (24, 36-53) des « pèlerins d’Emmaüs ». Nous sommes invités à nous mettre en route, sur les pas de Jésus, pour être des vivants aux cœurs brûlants, non seulement sur notre paroisse mais partout, là où nous vivons.
Dans ce monde aimé de Dieu, nous avons à sentir notre cœur battre très fort, sans plus marcher la tête basse dans les ornières de nos habitudes mais à retrouver cette ardeur missionnaire qui nous pousse à la prière et à la solidarité chrétienne. Si nous ne nous stimulons pas à cette solidarité, nous risquons de devenir tout simplement des consommateurs de services spirituels fournis par l’Église, des enfants gâtés aux cœurs froids, recroquevillés sur eux-mêmes sans souci de partage et d’annonce de la Bonne Nouvelle.
Il est important de réveiller notre conscience missionnaire afin de bien mettre nos pas dans Celui qui est venu nous annoncer par toute sa Vie, l’Amour du Père au Cœur Brûlant et son message des Béatitudes, joyaux de l’Évangile. Nous savons par expérience que toute personne a besoin de se sentir appréciée et aimée par quelqu’un. Toute personne en tant que telle, a besoin de se sentir reconnue dans sa dignité par un amour de sollicitude et de partage.
Aujourd’hui, la mission ne nous conduit donc plus tant à sortir de chez nous pour affronter les jungles exotiques mais à sortir de nous-mêmes en épousant l’attitude de Celui qui continue, à travers nous, à se faire proche de toute détresse humaine.
Je crois que la Mission réside d’abord au-dedans de nous-mêmes, dans la maîtrise de soi. Elle consiste à prendre les moyens qui s’imposent pour abattre ces propres frontières à l’intérieur desquelles nous nous installons. Des frontières qui représentent souvent ces fruits amers de l’indifférence, de l’égoïsme et de l’injustice. Des frontières marquées par nos instincts de supériorité, de domination et du mépris des autres façons de vivre qui nous dérangent. Des frontières que l’on appelle tout simplement le racisme ou l’indifférence.
En observant aujourd’hui ces phénomènes de société qui nous entourent avec les « laissés-pour-compte », les personnes en situation de précarité, les exilés et de manière plus cruciale, les migrants, je me sens davantage engagé dans une mission de proximité et d’écoute de l’autre.
A la suite du discours du Pape à Marseille fustigeant « le fanatisme de l’indifférence », s’ouvre l’enjeu d’un nouveau contexte pastoral et missionnaire qui nous pousse à lutter contre l’égoïsme.
Apprenons, ce mois d’octobre, que l’annonce de l’Évangile se conjugue dans la solidarité et l’accueil du don de l’autre. Prions pour tous les missionnaires, d’ici et d’ailleurs, travaillant à mettre l’homme debout et soyons avec Jésus, notre Frère, des missionnaires de l’Evangile.
P. Jean-François Coquerel