Quand Pâques nous mène au repos…
« Je suis fatigué ». Cette phrase, je l’entends régulièrement de la part de beaucoup de personnes que je rencontre ces jours-ci. La fatigue peut certes prendre tant de formes. Il y a la « normale », celle que nos anciens appelaient la « bonne fatigue », et qui disparaît au bout d’une bonne nuit de sommeil. Mais il en est d’autres qui s’accompagnent de grandes détresses. Le sentiment de fatigue accumulée nous laisse alors l’impression que nous ne maîtrisons plus rien. Elle se mue en épuisement. Si nous maîtrisons (plus ou moins) la fatigue, l’épuisement, lui, nous dicte nos moindres faits et gestes. Cela peut aller jusqu’au burn-out où, comme une ampoule grillée, la personne est incapable de produire la moindre énergie et s’enfonce dans une profonde dépression. Cela ressemble pour certains à une forme de possession, dont nous cherchons à en faire l’exorcisme. Nous sommes alors à l’affut du matelas idéal « à mémoire de forme » qui nous aidera à retrouver le repos ou le somnifère plus ou moins bénin pour nous soulager… à tout prix !
Vous vous demandez peut-être : pourquoi ce détour par ce sujet à l’heure où nous nous préparons à Pâques ?
D’abord, parce que le sujet du repos est un thème profondément biblique. La Parole de Dieu fait une grande place à l’expérience du sujet qui, après l’épreuve, avec l’aide de Dieu, trouve le repos. Pour nos anciens, le Sabbat, jour de repos institué par le Seigneur, n’était pas seulement le lieu pour reprendre des forces mais pour se rappeler le sens de notre vie. Si en 6 jours, l’humanité est appelée à créer et à produire des biens, le 7e jour est voué à l’obligation de reconnaître ses limites physiques et spirituelles. Temps de pause et de prière, nous reconnaissons par ce biais que nous ne sommes pas appelés à tout faire, à tout réaliser, à tout dominer. Tant que nous aurons cette soif inhumaine de pouvoir et de possession, le repos ne sera pas possible.
Ensuite, la fête de Pâques célèbre la victoire de la vie sur la mort. Jésus, au jardin de Gethsémani, au moment d’être arrêté, est en grande détresse. Il partage très certainement la fatigue de ses disciples qui dorment pendant qu’il subit les assauts de l’angoisse. Mais il s’abandonne à la volonté de son Père. Condamné à mort et crucifié, il est couché dans un tombeau, entouré d’un linceul. Ce n’est pas un hasard s’il est mort le vendredi et ressuscité le dimanche. Entre ces deux jours, c’est le samedi, le Grand Sabbat, le jour du repos. Jésus vit ce jour de repos comme prélude à sa résurrection. La victoire de Jésus passe par ce moment de repos. Jésus, en nous donnant sa vie, nous procure le repos. Comme le bon berger du psaume 22 : « Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ».
Je vous souhaite à tous une très joyeuse fête de Pâques. Que vous trouviez dans cette fête une opportunité de restaurer vos forces et de soulager vos fatigues.
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité : ALLÉLUIA !
Michel Protain
« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos
tant qu’il ne repose pas en toi »
Saint Augustin.