Nous avons trouvé le Messie !
Nous portons tous en nous des souvenirs. Certains sont très doux, d’autres plus douloureux. Mais il y en a surement d’autres qui concernent plus spécifiquement notre relation à Jésus-Christ. Avez-vous en mémoire des moments d’intimité forte avec le Seigneur ? Des moments où sa présence a semblé plus évidente, plus décisive ? Des moments où la foi chrétienne a vraiment changé le cours de votre vie ?
Nous sommes peut-être trop timides ou trop prudes pour dévoiler l’intimité de tels instants. Ce trésor, nous préférons souvent le garder pour nous. Mais en privant le monde de notre témoignage, est-ce que nous ne ressemblons pas à celui qui dans la parabole enterre son talent au lieu de le faire fructifier, par peur du maître ? Si ce trésor a un tel prix, ne mérite-t-il pas d’être partagé ?
Si les récits des vocations de Samuel, de saint Paul et des disciples nous sont parvenus, c’est qu’ils ont senti le besoin de raconter leurs vies. Ils ne firent pas des prédications abstraites, mais ils surent raconter leurs existences transformées par la Bonne Nouvelle. Raconter cela, c’est donner aux autres l’occasion de comprendre combien notre foi est concrète. Nous pouvons résumer cela par la parole des disciples dans l’évangile de ce jour : « Nous avons trouvé le Messie ! » On ne parle plus seulement de sa tête, mais avec tout son cœur et toute son âme.
Je suis conscient que j’ai dû bien des fois dans ma vie prêcher à partir d’idées un peu abstraites. Mais je ne peux nier mes souvenirs emmagasinés depuis l’enfance. Je n’oublie pas ces évènnements où le Seigneur a trouvé la brèche pour percer dans ma carapace, malgré mes efforts pour l’empêcher de s’approcher trop prêt. Dans mon cas, il a utilisé les bandes dessinées que je lisais avidement. Ce fut la vie de Jésus dans la collection « L’histoire du Peuple de Dieu » par Brochard et Thivollier, mais aussi une vie de François d’Assise par un grand dessinateur italien, ami d’Hugo Pratt, Battaglia. Il y eut la rencontre avec un vieil aumônier de marine pendant mon service militaire. Plus que par ses paroles, c’est sa poignée de main qui m’encouragea à sauter le pas vers la prêtrise. Ma confirmation fut un moment intense. On m’avait rappelé gentiment mais fermement que pour être prêtre, il valait mieux être confirmé. Ce qui aurait pu prendre la forme d’une simple formalité devint une expérience mémorable de l’Esprit Saint.
Dans la première lecture, Samuel n’hésite pas entre le confort de sa couette et l’urgence de l’appel du Seigneur. Il témoignera de cela dorénavant.
Saint Paul vivra une conversion sur le chemin de Damas. Il en témoignera.
Après leur rencontre avec le Seigneur, les Disciples en feront le récit dans l’Évangile. Ce sera le roc sur lequel tant d’existences seront bâties.
Je vous invite donc à vous remémorer ces précieux instants du voyage que vous avez entrepris avec le Seigneur. Lorsqu’un souvenir vous reviendra, sachez en rendre grâce. Sachez aussi en faire bénéficier d’autres personnes. Surtout ceux qui peinent sur le chemin de la foi et qui ne perçoivent rien de concret encore dans cette foi qu’ils jugent trop abstraite. N’ayez pas peur de révéler combien le Seigneur vous a soutenu à certains moments de votre vie. Saint Paul VI avait dit que ce n’est pas de maîtres dont le monde a besoin mais de témoins. N’ayons donc pas peur de dire tout ce que le Seigneur a accompli et continue d’accomplir dans nos vies. Soyons convaincus de cela : nos vies ont du prix aux yeux de Dieu !
- Michel Protain