J’ai l’impression que j’ai toujours eu la tête « ailleurs ». Mes parents, grands nomades devant l’éternel, m’ont entraîné parfois très loin. Mon père, français et catholique, rencontra ma mère, suédoise et protestante, au Pérou. Nous sommes alors à la fin des années des années soixante. Le service du Tiers-monde était pour eux une évidence politique, mais surtout spirituelle. C’est au cours d’une de leurs missions en Algérie, en 1967, que je suis né. Une petite sœur me rejoindra deux ans après.
En Suède d’abord, puis dans la Drôme, notre famille va vivre au rythme des communautés Emmaüs de l’Abbé Pierre. Notre engagement se nourrit d’un christianisme critique et exigeant. La revue Croissance des jeunes nations, les livres prophétiques de René Dumont dénonçant les malheurs de la planète, notre table ouverte, où l’un était maoïste, l’autre témoin de Jéhovah, le bric-à-brac… constituèrent véritablement mon école et mon catéchisme. J’admirai les choix de mes parents. Mais je questionnais aussi certains côtés idéologiques propres à l’époque. L’Évangile que nous lisions à chaque fin de repas restait une lumière pour moi. Ma mère l’éclairait d’une manière plus douce, plus radicale pour mon père. Petit à petit, une vie chrétienne plus personnelle se mettait en place. Les prêtres que je croisais engendraient chez moi d’abord une certaine compassion : leur vie me semblait difficile. Mais je voyais dans leur vocation une manière de porter et de méditer l’Évangile. De toutes les façons, je pensais que c’était la plus belle chose à faire en ce monde depuis l’âge de huit ans !
C’est durant mon service militaire, lors du pèlerinage militaire de Lourdes, que je prends la décision de devenir prêtre. Je choisis les Spiritains pour leur engagement universel et religieux. Ils me mèneront dix ans au Pakistan (1998-2008), à Lille comme formateur et curé (2009-2013), à Paris comme maquettiste et reporter pour les revues spiritaines (2013-2020). C’est désormais à Fontenay-aux-Roses que je pose mes valises, vicaire en paroisse et économe de la communauté. Je continuerai à faire quelques reportages pour les revues spiritaines.
Michel Protain