Rémi rappelle les enjeux de notre approche quant à la justification : Celle-ci est-elle un jugement c’est-à-dire un pardon accordé en application de la Loi ou est-elle- une transformation de la personne humaine liée vers une vie nouvelle ?
De fait l’argumentation de Paul se développe selon deux axes, deux lectures, deux possibilités : d’une part « le juste vit par la foi » et d’autre part « l’évangile et la promesse ».
D’où le plan proposé :
(1,18 à 4,25) L’universalité du péché et la Justification
(5,1 à 8,39) Après la Justification, que devient la vie chrétienne ?
(9 à 11) Le sort d’Israël, Dieu a-t-il été fidèle à ses promesses ?
(12-15) Exhortation et conclusion
Cf le plan de la Lettre aux Romains de la fiche remise par Rémi lors de la première séance.
Il y a bien dès le début de la lettre deux affirmations :
- Toute l’humanité est pécheresse devant Dieu
- Dieu nous justifie en Jésus-Christ
On peut également les formuler de la manière suivante :
- Juifs et païens sont pécheurs devant Dieu
- Le comment de la justification
Une certaine incohérence peut apparaitre au cours d’une première lecture s’agissant de la Loi et des œuvres de la Loi. Il importe d’abord de tenir compte de la rhétorique juive qui ne connaissait pas les titres et les sous-titres et encadrait par des répétitions les thèmes importants. Mais surtout, pour pratiquer la Loi il faut y souscrire. Dans la parabole du publicain et du pharisien (Luc 18,9-14) l’un est ainsi reconnu juste alors que l’autre est pardonné !
- Lecture : 1,18-3,20 : l’universalité du péché
1,16-17 Ces 2 versets sont un concentré du message de Paul.
1,18-1,32 Paul s’adresse d’abord aux païens. Tous les hommes sont fautifs. En effet Dieu s’est révélé par sa création, mais ils n’ont pas cherché à le connaitre par l’intelligence. Ils sont donc inexcusables. Paul dénonce l’idolâtrie qui nait du regard porté sur la création et dont l’effet est l’adoration des créatures et non du Créateur. Les conséquences sont multiples : ayant refusé la connaissance de Dieu, ils sont devenus injustes, pervers, cupides, meurtriers, sans cœur et sans pitié.
2,1-29 Paul passe au tutoiement et précise que seul compte la colère de Dieu et le jugement de Dieu auquel personne ne peut échapper et qui porte sur la désobéissance et l’inobservance. L’hypothèse de Paul est que Dieu jugera les païens selon l’idolâtrie et ses conséquences, et il jugera les juifs selon leur comportement envers le Loi.
Le verset 16 marque une étape en introduisant un autre jugement en fonction des œuvres. Le jour de la « colère de Dieu » est reporté à cet autre jugement.
Paul insiste sur la valeur de ce que Dieu a fait en Jésus-Christ, sur l’importance de la Bonne Nouvelle et sur la prise de conscience de la miséricorde de Dieu. Dieu est un juge qui est juste puisqu’il tient compte d’un double réquisitoire, l’un par rapport à la création pour les païens et l’autre par rapport à la Loi pour les juifs.
3,1-8 Paul utilise la diatribe, genre littéraire, de style dialogue, dans lequel l’auteur imagine comment son interlocuteur réagit. Cela lui permet de réunir juif et païen et d’aborder l’universel. Le juif d’abord, le grec ensuite, ce qui marque une certaine supériorité du juif : Dieu a donné l’alliance à Israël. Il ne peut pas l’annuler, d’où la valeur de la circoncision, mais en même temps c’est surtout un rite d’identification [c’est-à-dire la marque que l’on est juif, que l’on fait partie d’Israël] ! La justification de Dieu s’appuie à la fois sur la manière dont le juif applique la Loi et sur sa fidélité à son Alliance. Ainsi, si Israël a été infidèle par rapport à la Loi, Dieu ne rejette pas pour autant le peuple car il est resté fidèle à sa parole. C’est notre injustice qui montre la fidélité de Dieu : il est plus miséricordieux que nous !
3,9-20 La succession de citations de l’Ancien Testament sert à faire comprendre que tous les humains sans exception sont pêcheurs. En insistant sur les infractions, il dresse un réquisitoire qui lui permettra d’annoncer l’Evangile et ouvre à l’universel.
Pour la prochaine réunion, mardi 4 février :
1) lire 3,21 à 4,25 en 3 temps : 3,21-31 / 4,1-12 / 4,13-25 en distinguant les mots Loi et Œuvres de la Loi et celui de Promesse
2) dégager l’évolution de l’argumentation et ce que Paul veut annoncer.