« Ma grâce te suffit : car ma puissance se déploie dans la faiblesse. » (2 Co 12, 9)
Chers amis, paroissiens de Saint Stanislas des Blagis, par ces mots de Saint Paul, je vous révèle ma devise d’ordination presbytérale.
L’Apôtre veut transmettre un fait : tant que nous vivons dans ce monde, nous portons en nous la « chair » (symbole de la faiblesse et du péché) qui obscurcit et se met en travers des traits de la vie du Ressuscité toutes les fois que nous la laissons faire son œuvre en nous. Cependant, nos nombreux manquements ne doivent pas nous faire perdre de vu que Jésus-Christ est la cause réelle notre plein accomplissement. Nous devenons alors réellement « homme » grâce au Crucifié.
« Devenir un homme », c’est le désir qui motive toutes mes quêtes, c’est le désir qui met en mouvement tout mon être. Le Seigneur s’est révélé à moi comme la cause unique de ce processus d’humanisation. Ainsi, je me suis ouvert à lui. Il a voulu que je sois une « homme », mais il a voulu que je le sois non pas à la manière des hommes. Je lui ai demandé la force et il m’a donné des difficultés pour me rendre fort. Je lui ai demandé la sagesse et il m’a donné des problèmes à résoudre. Je lui ai demandé la prospérité et il m’a donné un cerveau pour réfléchir et des bras pour travailler. Je lui ai demandé l’amour et il m’a donné des gens à aider dans leurs problèmes et à aimer. Je lui ai demandé des faveurs et il m’a donné des potentialités. Rien de ce que j’ai demandé ne m’a été donné, mais le Seigneur m’a donné ce qui était le meilleur pour moi. Toutes ces choses ne se sont pas faites sans difficultés. La puissance et l’hostilité de malin étaient bien présentes au cours de cette transformation ; mais la main du Ressuscité était bien au-dessus de tout cela, lui la cause première de ma vocation. Je ne peux donc m’enorgueillir pour ce que je suis, je ne peux que rendre grâce. Je me réjouis surtout de savoir que le Seigneur m’a fait passer par vos mains et que celles-ci ont participé à ce que je suis et ce que je deviens. Je vous exprime ma profonde gratitude pour tout cela.
La vie dans ce ministère de grâce auquel je me consacre ne fait que commencer. Je porte en conscience que les épreuves, j’en connaîtrai des masses à cause de mon baptême qui m’unit aussi aux souffrances du Christ. Mais, je crois en l’assurance de mon Seigneur de son abondante grâce ; une grâce telle que la faiblesse de ma « chair » deviendra un actif plutôt qu’un passif, un moyen de bénédiction plutôt qu’un obstacle durant mon ministère. Notre Seigneur Jésus m’a appelé dans la faiblesse de mon être pour être à son service dans cette longue suite des saints prêtres, ayons en mémoire le saint Curé d’Ars, moi je me présente à lui tel que je suis, faible, ignorant et pauvre, et à ces manquements il me dit : « Ma grâce te suffit : car ma puissance se déploie dans la faiblesse. »
Merci pour votre attention et votre amour à mon égard, je vous rassure de mes prières.
Ronald Zoumango, C.S.Sp.