Je suis membre du Chêne de Mambré, une communauté de prière et d’accueil. Cette communauté est située à Bagneux, au Prunier Hardy, tout contre le cimetière parisien.
Depuis 40 ans, nous accueillons dans notre communauté, toute sorte de personnes. Parmi celles-ci, un certain nombre sont blessées par la vie : blessures du handicap, de la maladie, du grand âge, du veuvage, de la séparation, du chômage et bien d’autres situations encore. Une des grandes blessures que nous rencontrons est celle de la solitude, c’est une grande pauvreté, Dieu n’a-t-il pas dit qu’il n’est pas bon que l’homme soit seul ?
Au Chêne, et surtout dans notre soirée d’accueil du mercredi soir, nous essayons de créer un lieu convivial où chacun puisse se sentir écouter sans être jugé, déposer ses soucis et retrouver des forces et une certaine paix pour affronter le quotidien.
Quand je dis nous … ce n’est pas uniquement le noyau communautaire du Chêne. C’est ensemble que nous accueillons. Auprès des personnes, qui ont vécu la dureté de la vie, l’exclusion du handicap, il y a une bonté, une bienveillance, une délicatesse qui me rappellent cette phrase dans l’évangile de Matthieu : « Les pauvres et les prostitués vous précédent dans le royaume ». Ces personnes ont la mémoire du cœur, Renaud connaît le calendrier des fêtes et n’oubliera pas de vous téléphoner pour vous souhaiter une bonne fête, aucun anniversaire n’est oublié non plus, Louis a le souci de proposer des activités à des personnes seules, Daniel offre ses dessins et tant d’autres exemples. Elles se donnent elle-même et nous entrainent dans la logique du don et de la gratuité.
Je me souviens d’une compétition sportive avec des personnes avec un handicap mental. L’une d’elle trébuche. Aussitôt deux ou trois personnes s’arrêtent de courir et la prennent par la main pour terminer la course tranquillement. Elles avaient tout compris, l’amour avant la compétitivité !
Lorsque nous habitions à Paris, un homme sans domicile fixe s’était installé prés de la maison où nous habitions. Jacqueline lui offrait le petit déjeuner et le soir, au retour du travail, je m’asseyais sur une marche pour discuter avec lui et il me racontait sa vie. Nous avons dû quitter cette maison et le jour de notre déménagement, cet homme est venu nous apporter des cartons et il pleurait. Il était comme la pauvre veuve de l’évangile qui a mis deux piécettes dans le trésor du temple de Jérusalem, il a donné tout ce qu’il avait.
Savons-nous accepter des cadeaux des pauvres, leur dire qu’ils sont utiles et que nous avons besoin d’eux ?
Oui, heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux. Les pauvres nous évangélisent et nous précédent dans le royaume. Laissons-nous entraîner avec eux !
Pascale