Dans le cadre des mercredis de Saint Stanislas consacrés au dialogue interreligieux, le Père Michel Protain, spiritain, nous a parlé du Pakistan où il est resté de 1998 à 2008. Ce pays à très large majorité musulmane comporte plusieurs minorités religieuses : hindouistes, chrétiens et sikhs. Le Père Michel a abordé de nombreux aspects de ce pays très divers et peu connu en France.
Les spiritains se consacrent surtout à des groupes de personnes dites « intouchables », les plus pauvres, affectés aux travaux les plus pénibles. Beaucoup de ces chrétiens vivent dans des quartiers fermés où les autorités leur font payer des installations de sécurité démesurées, qui servent soi-disant à les protéger des extrémistes musulmans.
L’espace public est celui de la corruption mais, en matière d’expression, on ne tolère que le politiquement correct. Un dialogue, en particulier avec des musulmans, est possible, mais il ne peut se tenir que dans des lieux privés, chacun dans le salon de sa maison.
Les chrétiens, très minoritaires, sont fiers d’être chrétiens. Ils sont à la fois fragiles et doués d’une grande force de résistance. « Les chrétiens sont le sel et la lumière du Pakistan ». Dans leur combat pour survivre, ils ont gagné au moins une bataille, celle de leur nom. Ils étaient appelés disciples de Issa, c’est-à-dire disciples de Jésus selon le Coran ; une dénomination peu satisfaisante car dans le Coran Jésus n’est qu’un prophète. Ils ont réussi à se faire appeler Masihi, c’est-à-dire les oints par le baptême, ce qui correspond bien à la nature du chrétien.
P. Mathis