(RV) La liturgie de ce 5ème dimanche de Carême nous donne la possibilité de choisir entre différentes lectures. Quel que soit le choix que nous ferons, nous serons invités à réfléchir sur la vie : la vie que nous attendons, que nous espérons, que nous désirons. Les prophètes – autrefois – ont interpellé le peuple d’Israël sur ce qui avait du prix à ses yeux. Ils ont aidé les hommes et les femmes de leur temps à ne pas se tromper sur ce qui est le vrai bien : une vie de relations avec Dieu, avec les autres et avec soi-même.
Il ne nous est pas si facile d’entrer dans une telle perspective. Pour nous, vivre peut signifier rechercher le confort, être en bonne santé, avoir des biens … et ce sont là des désirs dont la tradition biblique ne nie pas la légitimité. Mais la tradition biblique nous alerte sur le côté réducteur de telles aspirations. En recherchant exclusivement le bien-être et l’aisance matérielle, nous risquons de nous placer nous-mêmes au centre du monde, et nous risquons d’oublier que nous sommes appelés à devenir, toujours plus, des êtres de relations. Jésus est ici pour nous un exemple. Il aurait eu mille occasions de devenir un homme puissant, riche et respecté ; il aurait pu s’imposer comme un chef entouré de gloire et d’honneurs ; il aurait pu répondre aux attentes que bien des personnes projetaient sur lui. Jésus ne fait rien de tout cela. Il parcourt les routes de Galilée. Il enseigne les foules et guérit les malades, il se fait proche des petits, des pauvres et des humiliés mais il s’adresse aussi aux lettrés et aux riches. A tous, et à chacun, il rappelle l’importance des relations, non pas pour devenir riche et puissant, mais pour aimer et donner la vie. Lorsque Lazare meurt, Jésus se laisse toucher par ce décès, et il ne craint pas de montrer combien il est atteint par cet événement ; il va jusqu’au lieu même de la mort – le tombeau où Lazare a été déposé – pour rendre Lazare à l’affection de ses proches : « Lazare, viens dehors ! ». Lorsque Jésus marche vers la passion, il annonce ce qui va lui arriver en utilisant l’image du grain de blé tombé en terre qui, parce qu’il meurt, donne beaucoup de fruit. Ce n’est pas en s’accrochant à la vie que l’on rend possible l’éclosion de la vie autour de soi ; c’est en donnant sa vie qu’on suscite la vie en autrui.
Pendant ce temps de Carême, nous cherchons à nous laisser enseigner par Jésus. Nous voyons que Jésus est un homme de prière, quelqu’un qui parvient à s’arrêter et à faire silence pour se mettre à l’écoute de Celui qu’il appelle son Père. Il ne se laisse pas emporter par le flot des émotions, des attentes et des succès, mais il se laisse guider par sa relation à Celui qu’il appelle son Père. Jésus apprend à ses disciples à entrer dans une même attitude car, lorsqu’il leur laisse la prière du « Notre Père », il leur apprend que Celui qu’il appelle son Père est aussi leur Père. Cet enseignement de Jésus s’adresse également à nous qui disons souvent la prière du « Notre Père ». Enfants d’un même Père, nous sommes frères et sœurs. Poursuivant la voie montrée par les prophètes qui l’ont précédé, Jésus souligne combien nous sommes des êtres pour la relation : relation filiale avec le Père, relations fraternelles avec autrui, et relations de respect avec nous-mêmes.
Alors que, à la fin de ce temps de Carême, nous nous préparons à célébrer le mystère de la passion et de la résurrection, que le Seigneur nous aide à découvrir la grandeur de cette vie de relations vers laquelle il nous conduit.