3. « Tenez ferme » (Jc5,8) – Chaque fidèle
Même en tant qu’individus nous sommes souvent tentés d’être indifférents à la misère des autres. Nous sommes saturés de nouvelles et d’images bouleversantes qui nous racontent la souffrance humaine et nous sentons en même temps toute notre incapacité à intervenir. Que faire pour ne pas se laisser absorber par cette spirale de peur et d’impuissance ?
Tout d’abord, nous pouvons prier dans la communion de l’Église terrestre et céleste. Ne négligeons pas la force de la prière de tant de personnes ! L’initiative 24 heures pour le Seigneur, qui, j’espère, aura lieu dans toute l’Église, même au niveau diocésain, les 13 et 14 mars, veut montrer cette nécessité de la prière. Ensuite, nous pouvons aider par des gestes de charité, rejoignant aussi bien ceux qui sont proches que ceux qui sont loin, grâce aux nombreux organismes de charité de l’Église. Le Carême est un temps propice pour montrer cet intérêt envers l’autre par un signe, même petit, mais concret, de notre participation à notre humanité commune.
Enfin, la souffrance de l’autre constitue un appel à la conversion parce que le besoin du frère me rappelle la fragilité de ma vie, ma dépendance envers Dieu et mes frères. Si nous demandons humblement la grâce de Dieu et que nous acceptons les limites de nos possibilités, alors nous aurons confiance dans les possibilités infinies que l’amour de Dieu a en réserve. Et nous pourrons résister à la tentation diabolique qui nous fait croire que nous pouvons nous sauver et sauver le monde tout seuls.
Pour dépasser l’indifférence et nos prétentions de toute-puissance, je voudrais demander à tous de vivre ce temps de Carême comme un parcours de formation du cœur, comme l’a dit Benoît XVI (cf. Lett. Enc. Deus caritas est, n. 31). Avoir un cœur miséricordieux ne veut pas dire avoir un cœur faible. Celui qui veut être miséricordieux a besoin d’un cœur fort, solide, fermé au tentateur, mais ouvert à Dieu. Un cœur qui se laisse pénétrer par l’Esprit et porter sur les voies de l’amour qui conduisent à nos frères et à nos sœurs. Au fond, un cœur pauvre, qui connaisse en fait ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre.
Pour cela, chers frères et sœurs, je désire prier avec vous le Christ en ce Carême : « Fac cor nostrum secundum cor tuum » : « Rends notre cœur semblable au tien » (Litanies du Sacré Cœur de Jésus). Alors nous aurons un cœur fort et miséricordieux, vigilant et généreux, qui ne se laisse pas enfermer en lui-même et qui ne tombe pas dans le vertige de la mondialisation de l’indifférence. Avec ce souhait, je vous assure de ma prière afin que chaque croyant et chaque communauté ecclésiale parcourt avec fruit le chemin du Carême, et je vous demande de prier pour moi. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde.