Je suis parti avec en tête le cliché que l’on a ici de la Pologne, pays qui a beaucoup souffert, notamment lors de la dernière guerre, et dont la foi est grande.
Je n’imaginais pas combien notre pèlerinage allait conforter cette idée et l’enrichir.
Un pays qui a souffert :
La Pologne n’a pas cessé de se battre contre les envahisseurs (mongols, suédois, turcs, russes, prussiens, autrichiens, allemands). Elle a été partagée, elle a même été totalement rayée des cartes en 1794. En 1939, l’attaque conjuguée des armées hitlériennes et russes a marqué le début de la seconde guerre mondiale. Les nazis ont éliminé une grande partie de l’élite culturelle et religieuse polonaise, ils ont implanté bon nombre de camps de concentration et d’extermination sur le territoire polonais. La visite des camps d’Auschwitz et de Birkenau fut un moment très fort et éprouvant de notre pèlerinage. Le régime communiste a prolongé ce long temps de peur et de répression.
Cependant le peuple polonais n’a jamais baissé la tête et a toujours lutté pour retrouver son identité. Et cela explique le deuxième point :
La foi des polonais est grande :
Jour après jour, dans toutes les églises et sanctuaires que nous avons visités et dans lesquels nous avons prié, nous avons pu le constater. Nous avons été surpris par la jeunesse qui participait en grand nombre aux célébrations, par la ferveur des assemblées de pèlerins essentiellement polonais. Et même en dehors des sites religieux, au long des routes et des chemins, de nombreux calvaires, statues, portraits de saint Jean-Paul II, un Christ en croix au milieu d’un rond-point …
Je me suis posé la question : pourquoi une telle ferveur ?
Le témoignage riche et passionné de nos organisateurs polonais, qui ont donné énormément de leur personne pour nous faire connaître et aimer leur pays, m’a donné une réponse.
L’Eglise polonaise a toujours été, dans l’histoire polonaise, le point d’ancrage de l’identité de ce peuple, depuis saint Adalbert, premier martyr et fondateur de Gdansk, jusqu’aux exemples dramatiques mais si grands donnés par le Père Maximilian Kolbe, interné d’Auschwitz, qui s’est présenté volontairement pour mourir à la place d’un autre condamné, et par le Père Jerzy Popielusco, aumônier du syndicat Solidarnosc, retrouvé ligoté et défiguré par les coups dans la Vistule. Maisc’est évidemment le pape Jean-Paul II qui à présent fait l’objet d’une vénération débordante. Avant d’être pape il a vécu les difficultés et les risques du peuple polonais face à la volonté d’imposer par tous les moyens l’idéologie communiste ; prêtre, évêque, puis cardinal, il a incarné la résistance de l’Eglise et de la Pologne toute entière, puis, comme pape polonais, la victoire contre le communisme.
Nous avons marché sur ses pas, sans oublier notre saint patron, saint Stanislas Kostka. Nous avons vécu la foi des polonais. Son expression m’a surpris par sa profondeur et l’intensité des prières chez les pèlerins polonais, par les décorations des églises et sanctuaires qu’elle a inspirées. Je me suis alors senti bien petit, mais tellement heureux d’avoir vécu de tels moments, d’avoir pu partager et prier avec notre groupe en toute fraternité.
Merci mon Dieu !
… et puis, il n’y a rien de tel pour mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de son curé