Apocalyptique, catastrophique ou merveilleux ?
Depuis déjà deux dimanches, nous sommes entrés, par la liturgie, dans des lectures difficiles dites apocalyptiques : Daniel 12 puis 7, Marc 13, Apocalypse 1, Luc 21. Avec des images terribles tirées de catastrophes dans l’espace, est annoncée la venue du Fils de l’homme avec son cortège de Saints, sur une nuée avec grande gloire.
Apocalypse veut dire révélation, et non pas fin du monde.
Ceci s’est en partie réalisé avec la Mort du Christ entourée de petites manifestations locales : jour obscurci, déchirure du rideau du Temple, tremblement de terre, rochers fendus, tombeaux ouverts, apparition de saints ressuscités… (Mt 27,45-54). Mais le plus terrible était la mort même du Christ.
Sans être des catastrophes, il y avait là une manière de souligner l’extraordinaire de la mort de Jésus.
Curieusement, le Christ ressuscité ne parle plus de catastrophes à ses disciples, après sa résurrection.
Il ne renouvelle pas ces images, mais il affirme être toujours là à côté d’eux. Nous sommes en plein merveilleux, et les Actes des Apôtres le confirment.
Le courant apocalyptique est né avec le prophète Ézéchiel (ch=k), 600 ans avant Jésus. La ruine de Jérusalem était pour le prêtre Ézéchiel une catastrophe. Par de grandioses images, il veut consoler son peuple : la vision du char ailé de Dieu exprime la mobilité d’un Dieu qui n’est plus attaché à un Temple. La vision du rouleau écrit, mangé, doux comme du miel, exprime la vocation du prophète : parler pour consoler.
Jésus a repris le titre de Fils d’homme par lequel Dieu avait dénommé Ézéchiel, pour souligner la distance entre eux. Mais avec le prophète Daniel, 150 ans avant Jésus, le titre est devenu messianique, c’est à dire représentant tout un peuple de « saints » dont le Christ est le modèle et le chef.
L’apocalypse de St Jean poursuit les visions de Daniel : (l’Ancien et le Fils d’homme, le bélier et le bouc, l’homme vêtu de lin, le livre de Vie). Elle dévoile la victoire de l’Agneau recevant de l’Ancien le pouvoir du juger, tout en étant assis sur une nuée. Les images effrayantes n’ont qu’un but : faire tourner les regards vers Celui qui Vient. Elles ne sont pas calamiteuses, mais orientent vers la merveille.
Jean-Baptiste le décrit aussi comme le Moissonneur (avec pelle à vanner, grenier pour le bon grain, et feu pour la paille).
Nous attendons, chaque année davantage, le Fils de l’homme qui a osé prendre sur Lui toutes nos misères et nos espérances pour les présenter au Père avec grande puissance d’intercession. Mais il reviendra assis sur une grande nuée.
Père LUC