Au cours du week-end paroissial à Avon les 19 et 20 novembre, Frère François Christian, Carme, dont la vocation a fait suite à une expérience dans le monde du travail, nous a fourni sept pistes de réflexion sur « Comment être témoin de l’Amour ».
Les voici telles que commentées par le frère (en italique) et analysées par un des groupes de travail du week-end.
- Accomplir notre devoir d’état à partir de nos charismes :
Mon don, je le reçois de Dieu, je ne me le donne pas. Il vit et peut évoluer dans le temps et ne plus être valable. J’accepte la mission, mais les fruits qui en résultent ne m’appartiennent pas.
Comment discerner les dons ?
– Par l’Esprit Saint, qui nous appelle, souvent au travers des autres. (cf St Paul : « nous et l’Esprit Saint avons pensé que…. »)
– Par les autres, par la communauté. C’est elle qui les reconnaît, les épanouit (ou devrait le faire).
Une ligne directrice : s’interroger sur la meilleure façon d’exercer ses dons, sur ce qui m’est demandé et toujours, au travers de son travail, rendre un témoignage (mettre tout son amour dans la tâche qui nous est confiée, être audible auprès des autres).
- Edification de la communauté :
Que chacun reste à sa place, évite les paroles inutiles.
Notre charisme est destiné à construire la communauté. C’est un membre du corps qu’est la communauté. Celle-ci est toujours à édifier dans le mouvement, à modifier, ses déséquilibres sont à analyser et à utiliser pour avancer.
Rappelons-nous que St Paul était toujours en mouvement, créant une communauté, la quittant pour en créer une autre.
- Le long chemin de l’union des volontés :
Ceci ne se fait pas sans combat.
« J’irai vers l’autre volonté. La première volonté est raide et raidie par l’effort. Bien utile quand il s’agit de forcer le passage. Mais complètement impuissante pour tenir le cap, quand on est englouti dans la faiblesse. L’autre volonté est douce, elle est toute habitée par la divine douceur. Elle veut sans vouloir, elle laisse aller, elle accepte la lassitude, elle ne se raidit pas contre l’inévitable. Mais elle tient le cap, imperturbable, elle maintient l’adhésion secrète à la vie, à l’amour, aux choses bonnes, à ce qui va venir et qu’il faudra vivre et vivre bien. Cette volonté-là est toute grâce ; (Maurice Bellet) »
Dans notre paroisse, essayons de construire la nécessaire unité des volontés des prêtres et des laïcs.
Accueillons l’élan de l’autre pour aboutir à une construction plus achevée, à une avancée.
Cette union n’empêche pas d’accepter la remise en question (savoir dépasser les dogmes).
- On se place à l’école de la Vierge Marie pour dépasser ce qui apparaît comme absurde de prime abord:
Marie a cherché le sens au milieu d’annonces paradoxales entre l’Annonciation : « Soit sans crainte tu concevras un fils….qui règnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin » et la prophétie de Siméon : « Cet enfant doit être un signe en butte à la contradiction et toi-même une épée te transpercera l’âme ».
Accepter une contrariété, une contradiction comme une grâce permettant de se remettre en question et se dépasser.
- La paix ne vient pas en évitant les conflits, mais en les affrontant et en les traversant :
Ce qu’a dit le Seigneur a été parfois cause de dissension : « Je suis venu jeter un feu sur la terre… la division : dans une maison le père contre le fils, mère contre sa fille …. (Lc 12, 49-53).
Parfois on ne peut rien dire (comme le Christ lors de la flagellation, comme Abraham appelé à sacrifier Jacob).
Ne pas avoir peur de mettre les problèmes sur table et aller au-delà de l’immédiateté pour les résoudre : sachons écouter, comprendre, réfléchir et dialoguer.
- Retrouver le sens de la vertu d’espérance en demeurant dans la confiance de l’amour divin :
Il est important de ne pas céder à la tentation de l’indignation dans la crise actuelle.
Ps 36,1;8 : « Ne t’indigne pas à la vue des méchants ….laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t’indigne pas, il n’en viendrait que du mal »
La prospérité des méchants est une énigme du mal. La voie donnée par Paul Rm 12 : « on n’est vainqueur du mal qu’en faisant le bien ». Attention le mal « paie cash », Dieu donne toujours du crédit ».
Dieu nous demande une espérance active : conjuguons la parole et l’action dans un contexte d’espérance.
- Rends-moi la joie d’être sauvé (psaume 50) :
La remarque plus qu’ironique de Nietzsche à propos des chrétiens : « IIs n’ont pas l’air d’êtres sauvés ».
Certes notre monde est en pièces mais ce n’est pas nouveau : la société idéale n’a jamais existé mais autrefois il y avait des points d’ancrage : l’école, la mairie et l’église. Ces repères ne sont plus guère visibles. Il n’y a plus d’inculturation de la foi.
Nous ne sommes pas joyeux, nous râlons souvent. Parfois nous nous sentons abandonnés, nous avons des doutes (néanmoins ceux-ci peuvent s’avérer utiles car ils permettent d’avancer).
Cependant, sachons voir les signes positifs :
– la convivialité au sortir des messes, l’échange,
– le message de foi donné lors des obsèques, dans les cas de souffrance (certains nous disent vous avez de la chance de croire !),
– nous sommes aimés tels que nous sommes (il faut chercher à être meilleurs et non parfaits).
Et pouvoir dire : grâce à l’amour, je suis sauvé !
« Au soir de votre vie, vous serez examiné sur l’amour. Apprenez donc à aimer Dieu comme il veut l’être et à vous détacher de vous-même ». St Jean de la Croix – Maxime 56
Yves K. et Claude D.